Argumentaires
Les plantes génétiquement modifiées (OGM – PGM) : le vrai et le faux
- La production de PGM est entre les mains des multinationales : FAUX. S’il est vrai que la production actuelle est dominée par des semences produites par Monsanto et Syngenta, le développement des PGM est surtout assuré par des organismes de recherche publics. La Suisse est un bon exemple de cette situation ; les Stations fédérales de recherche agronomique et l’EPF de Zürich sont connues pour leur contribution au développement des pommes de terre résistantes au mildiou, de blé résistant aux champignons et du fameux riz enrichi en vitamine A. La même situation prévaut dans l’UE et dans des pays tels que l’Inde et la Chine. Aux USA, les variétés de papaye résistantes aux virus ont été développées par l'Université de Hawaï et l'Université Cornell.
- Les PGM contribuent à une perte de la biodiversité : FAUX. Les PGM ne diffèrent en rien des autres plantes cultivées. Ce sont certaines pratiques agricoles qui affectent la biodiversité. Bien au contraire, l’utilisation des PGM peut favoriser la biodiversité en diminuant l’usage des pesticides et en augmentant la variété des agro-systèmes. La technologie PGM permet d’envisager la préservation de certaines variétés cultivées anciennes, aujourd’hui abandonnées à cause de leur manque de résistance aux maladies.
- Les PGM sont inutiles : FAUX. Les PGM permettent d’augmenter le nombre de variétés cultivées à disposition des agriculteurs. Elles s’ajoutent aux variétés existantes en apportant des caractéristiques nouvelles, difficiles ou même impossibles à obtenir pas les moyens classiques de la sélection. En Suisse, le développement des PGM est envisageable dans les cas suivants: maladies virales et bactériennes, septoriose du blé, rouille des céréales, mildiou de la vigne et de la pomme de terre. Confrontés aux problèmes de santé des cultures, agriculteurs, arboriculteurs et maraîchers demandent toujours et encore des variétés végétales nouvelles.
- Les PGM sont dangereuses pour la santé humaine : FAUX. Les multiples contrôles auxquels elles sont soumises, font des variétés PGM les variétés végétales les plus sûres sur le marché. La loi impose d’ailleurs aux autorités sanitaires d’exiger du producteur de variétés PGM tous les tests nécessaires pour garantir une sécurité alimentaire maximale. Ce n’est pas le cas pour les variétés végétales obtenues par les méthodes traditionnelles.
- La production de médicaments par des PGM (pharming) présente un danger pour l’homme et l’environnement : FAUX. Aujourd’hui la production de médicaments par les plantes se concentre sur les espèces non alimentaires. Il est possible d’utiliser le tabac pour produire des vaccins ou des anticorps. Le tabac n’est pas utilisé pour l’alimentation et il n’est pas susceptible de se répandre dans l’environnement. Les cultivateurs de tabac sont particulièrement bien adaptés à s’occuper de cultures délicates et exigeantes. Ils pourraient trouver avec les PGM une source de revenu nouvelle.
- L’agriculture traditionnelle ne peut pas coexister avec les PGM: FAUX. Une étude récente de la Station fédérale de recherches en agroécologie et agriculture de Reckenholz montre que cette coexistence est possible dans le cas de l’agriculture suisse. Pour certaines plantes comme la betterave, la pomme de terre et le blé, le problème ne se pose même pas, dans les autres cas, une bonne gestion et une collaboration entre agriculteurs permet aux divers types de cultures de coexister sans problème. La pratique de la coexistence est déjà une réalité pour certaines cultures : tournesol (cf le cas des tournesol riches en acide oléique), colza [ cf. les colza riches en acide oléïque)], maïs (cf. le cas du maïs sucré), etc. .
- Les semences PGM sont plus chères que les semences conventionnelles : VRAI. Les PGM sont le produit d’une technologie plus complexe que la sélection traditionnelle, ce qui en justifie le prix ; les coûts engendrés par une législation très restrictive et le nombre élevé de test de sécurité exigés s’ajoutent au coût de production Toutefois, pour le paysan, le budget semences est en général inférieur au 5% du budget total d’une culture, le surcoût des variétés PGM est donc largement compensé par la diminution des quantités de pesticides utilisés et par un travail moindre dans les cultures.
- Le paysan devient dépendant des multinationales pour son approvisionnement en semences : FAUX. La liberté de ne pas utiliser de PGM existe. Les semenciers produisent surtout des semences non-OGM. D’ailleurs pour des questions de qualité, il est pratiquement hors de question qu’un agriculteur produise ses propres semences ; il dépend déjà des semenciers pour son approvisionnement en semences conventionnelles.
- Le paysan ne pourra pas utiliser sa propre production de semences PGM pour ensemencer son champ : VRAI. Ceci est dû à deux facteurs : a) l’existence des droits (brevets) détenus par le producteur de semences et b) la législation en vigueur qui, dans le but de protéger le consommateur, restreint l’usage des PGM et exige un contrôle de la dispersion des PGM dans l’environnement.
- L’agriculture biologique doit être favorisée car elle n’utilise pas de pesticides : FAUX. L’agriculture biologique utilise de nombreux pesticides dont les plus dangereux pour l’environnement sont le sulfate de cuivre et les insecticides naturels à base de pyréthrines et de roténone. L’utilisation massive d’huile végétale pour lutter contre les insectes a entraîné l’asphyxie et la stérilisation de certains sols. L’insecticide Bt a provoqué des intoxications chez les utilisateurs et l’apparition d’insectes résistants. Les méthodes de lutte biologique caractérisées par l’introduction d‘espèces exotiques, ont souvent engendré, faute de contrôle, de nombreuses catastrophes écologiques. L’agriculture « bio » n’est donc pas vraiment une agriculture durable, c'est d'abord un "business"; c'est aussi une agriculture limitée par des principes idéologiques et fondamentalistes ; pour devenir durable, elle devra évoluer, accepter et assimiler les biotechnologies favorables à l’environnement. Seule une approche intégrée de l’agriculture faisant appel à toutes les méthodes à disposition peut être considérée comme durable.
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