La politique du réchauffement

La politique du réchauffement et la politique du réchauffé

Dans une semaine s’ouvre à Bangkok le dernier « round » des discussions sur les changements climatiques. Les négociations vont porter sur les moyens de prévenir le réchauffement climatique par une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il reste à savoir si, compte tenu des premières expériences concernant l’application des mesures prévues par le protocole de Kyoto et compte tenu du nombre de pays pollueurs majeurs qui refusent d’appliquer ce protocole (USA, Australie) ou demandent des traitements de faveur (Chine, Inde) il est encore sage, ou simplement utile, d’œuvrer pour une limitation des émissions et surtout d’en payer le prix.
Pour beaucoup de nos politiciens de gauche et de droite, le thème du réchauffement climatique est devenu un élément indispensable de leur programme. En tant que bon politique, on propose et vote, un impôt par ci, une taxe par là, une nouvelle norme. Comment se présenter devant les électeurs sans souscrire à une ou deux mesures de LUTTE contre le réchauffement. Ah, ce terme de lutte, comme il convient bien : la lutte suisse, la lutte des classe, la lutte contre le néo-libéralisme, contre le terrorisme … . Que de mâles ardeurs il suscite. Nos compagnes aussi l’ont adopté. Nous luttons, nous allons lutter contre le réchauffement climatique ; n’est-ce pas valorisant, n’est-ce pas montrer notre sens des responsabilités ? Chacun son truc (centime climatique, taxe sur le CO2 et j’en oublie). Nous résistons, nous luttons.
Il me vient un doute ; et si l’ennemi se dérobait. Ne suis-je pas entrain de suivre une mode, une de ces idéologies à la face changeante, une de ces religions du moment, un de ces leurre qui m’entraine dans une voie parallèle sans issue. Il vaut la peine de poser quelques jalons et de faire quelques constats.
• Réchauffement il y a, et d’origine humaine pour une bonne part.
• Nous sommes 6 milliards d’êtres humains et bientôt 10.
• Nous devons cultiver les sols avec machines et engrais, transporter les aliments, pour pouvoir tous manger à notre faim.
• Nous devons cuire nos repas et nous chauffer quand nécessaire ; nous déplacer un peu.
L’humanité va donc utiliser, jusqu’aux limites du possibles, toutes les ressources énergétiques de la planète. Nous, suisses, pouvons bien accepter un niveau individuel de confort inférieur au standard américano-européen, mais il est certain qu’à l’échelle du monde, nous allons émettre tout le CO2 possible jusqu'à raréfaction insurmontable des sources de combustibles fossiles. Inutile donc de vouloir réglementer les droits d’émission : ils seront dépassés au plan global et le réchauffement aura lieu.
Nous devons maintenant agir pour nous préparer aux changements climatiques inéluctables qui en seront la conséquence ainsi que, simultanément, au conséquences d'un renchérissement des ressources énergétiques et alimentaires. Cela suppose une politique d’investissement dans la recherche et le développement de l’agriculture et des énergies renouvelables, dans les infrastructures de transport en commun et l’habitat zéro-énergie. Nous pouvons le faire aujourd’hui parce que les coûts sont encore supportables. Demain le prix qu’il faudra payer sera tellement élevé que nos enfants nous reprocherons notre aveuglement. Ce n’est pas de LUTTES dont nous avons besoin, c’est d’ACTIONS. C’est beaucoup plus difficile à faire passer auprès des électeurs, mais c’est certainement plus sage et ça ne sentira pas trop le réchauffé.

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