Pour une nouvelle agriculture biologique

Pour une nouvelle agriculture biologique

L'agriculture biologique est à la mode. La grande distribution a fait son cheval de bataille de l'alimentation BIO, les cotonnades BIO sont très "fashion". Mais qu'en est-il vraiment sur le terrain? Il apparaît que, figée dans une doctrine (voir plusieurs doctrines), le mouvement BIO a de la peine à innover. La volonté de renoncer à des pesticides "naturels" mais cependant nocifs, la mise en culture de variétés nouvelles résistantes aux maladies ne sont toujours que promesses. Les contraintes idéologiques imposées par une vision fondamentaliste de l'agriculture sont-elles raisonnables? Un livre paru récemment suggère des voies nouvelles.

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Des aliments génétiquement modifiés certifiés BIO sur notre table? Comment les progrès de la génétique pourraient-ils contribuer à l’agriculture biologique? Mariés, Pamela C. Ronald et Raoul W. Adamchak forment un couple inhabituel; lui, pratique l'agriculture biologique (organic farming), elle est professeur de génétique végétale à l'université de Californie à Davis et a développé de nouvelles variétés de riz résistantes aux stress et maladies. Ils ont publié en 2008 un livre intitulé "Tomorrow's Table, Organic Farming, Genetics and the Future of Food" (La table de demain: agriculture biologique, génétique et la nourriture du futur). Comme chaque américain ils consomment depuis des années, du maïs sucré, des papayes et des courges transgéniques.
Confrontés aux problèmes de l'agriculture moderne, production de proximité, diminution des intrants (pesticides, engrais), besoin d'un revenu décent, les deux partenaires plaident pour une agriculture intégrant de manière raisonnée les progrès de la biologie moderne et, parmi eux bien entendu, ceux apporté par les biotechnologies au travers des variétés végétales génétiquement modifiées (OGM). Cet ouvrage (non disponible en français pour le moment) rapporte de manière très vivante les débats ouverts qui ont lieu en Californie, état américain qu'un certain art de vivre rapproche de l'Europe. Ce genre de débat n'est pour le moment pas possible en Suisse et Europe; figés dans un dogmatisme d'un autre âge, instrumentalisé par certains milieux politiques, soutenus par la grande distribution qui engrange de juteux bénéfices, les milieux de l'agriculture biologiques sont réfractaires à toute mise en cause de leurs certitudes. Ils ne trouvent que bénéfices dans une attitude conservatrice qui n'est jamais remise en cause.
Une étude en cours dans le cadre du programme national de recherche PNR 59 (voir le rapport N°2), semble montrer que confronté à un réel choix, le consommateur n'hésite pas à acheter un produit étiqueté OGM si il est bien informé. C'est signe qu'il y a un futur pour un dialogue entre agriculteurs, scientifiques et consommateurs et que de réels progrès de l'agriculture sont possibles même chez nous.

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