Mourir de faim sans OGM

Mourir de faim ? Pourvu que ce soit sans OGM

En ces jours où la détresse alimentaire fait la une des journaux il est de bon ton de se demander si le recours aux plantes transgéniques (OGM) pourrait être une solution. A cela on trouve deux types de réponse.

  • La première, très à la mode dans certains milieux de l’aide au développement, est de clamer haut et fort que, si les pauvres ne mangent plus à leur faim, c’est que le commerce mondial est injuste, qu’il y assez de nourriture, mais que les plus démunis ne peuvent ni se la procurer ni, surtout l’acheter.
  • La deuxième est de considérer que les pays pauvres manquent surtout de moyens efficaces de produire de la nourriture et qu’il suffirait d’améliorer la qualité des semences et de donner au paysans, accès aux méthodes modernes de l’agriculture (en recourant même, lorsque cela s’avère nécessaire, aux OGM).

Un récent rapport de la Croix-Rouge suisse au Libéria montre de manière claire que le facteur essentiel qui amène à une sous-nutrition chronique, voir à une famine endémique, est le déficit de la production agricole locale et de l’infrastructure nécessaire à sa mise en valeur :

  • Etat des routes insuffisant en milieu rural
  • Insécurité, harcèlement conduisant aux refuges en zone urbaine (moins de main d’œuvre agricole et augmentation excessive de la taille des villes)
  • Fort syndrome de dépendance (lié à l’intervention inadéquate de certaines ONG)
  • La prévalence des parasites, des insectes et des maladies virales des plantes
  • L’instabilité des prix des semences (spéculation au début des semailles)
  • Un entreposage des semences défectueux et insuffisant
  • La qualité insuffisante des semences locales (moins de 30% de pouvoir germinatif)
  • Un système d’échange de bonnes semences pratiquement inexistant
  • Pratiques agricoles traditionnelles inadaptées (cessation de l’activité agricole entre récolte et semailles)

On peut tirer des conclusions utiles de ce rapport qui peut s’appliquer avec de petites nuances à l’ensemble de l’Afrique tropicale. L’effort doit être concentré sur le développement de l’infrastructure des transports, l’augmentation la capacité d’utilisation de la nourriture disponible, son stockage et surtout l’amélioration de la qualité des semences au travers d’une recherche agronomique adéquate.

Que l’on apprécie ou non les OGM dans nos pays de gens bien nourris, il faut réaliser que le caractère de résistance aux insectes que l’on trouve dans les plantes Bt permet déjà, dans la zone tempérée chaude du sud de l’Europe une nette amélioration des rendements et de la qualité des récoltes de maïs (diminution de la teneur en mycotoxines). Il y a donc une piste à suivre, dont nous ne pouvons nous arroger le droit de priver les peuples africains concernés. Des négociations ouvertes sur les droits de propriété intellectuelle, un transfert de technologie adéquat, sont tout ce qui est nécessaire. Contrairement à un préjugé répandu, ce qui coute cher dans la technologie des OGM n’est pas l’introduction du caractère désiré dans l’espèce choisie, mais tout le travail en aval. Ce travail de sélectionneur, qui consiste à transférer un caractère utile (par exemple une résistance à la sécheresse) dans une variété cultivable doit de toute façon être réalisé, même pour une semence conventionnelle, il prend souvent plusieurs années et nécessite des compétences scientifiques de haut niveau. Les agronomes de l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich ont démontré que tout cela était possible dans le cas du riz doré (enrichi en vitamine). Les semences de riz pourront être distribuées aux paysans en 2011 déjà. Ce que l’on peut diminuer à l’avenir ce sont les coûts engendrés par la réglementation excessive qui grève le développement des OGM. Mais pour cela il faut cesser de diaboliser cette technologie et faire preuve d’empathie et de compréhension pour les réels besoins des agriculteurs du tiers-monde.

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