Bonnes nouvelles à propos du manioc

Bonnes nouvelles à propos du manioc

Il est bon, après le temps perdu à analyser le show médiatique et la médiocre science de l’inénarrable professeur Séralini, de passer aux choses sérieuses qui se réalisent en Suisse loin du tohu-bohu franco-français. Ici c’est le souci d’aider les paysans, de soulager des hommes et femmes qui travaillent qui prévaut et non celui de promouvoir une idéologie bon marché. C’est aussi l’occasion de démontrer que les travaux de recherche sérieux et indépendants peuvent et doivent être publiés dans des revues à accès libre et présentés sans tapage médiatique.

La TDG se fait l'écho d'un article du journal PlosOne, paru hier et que chacun peu consulter librement.

Une équipe du département de biologie de l’ETHZ (Ecole polytechnique fédérale de Zürich) vient de développer une nouvelle variété de manioc résistante à deux virus. Ceci en toute indépendance des firmes semencières et dans le but de fournir aux sélectionneurs locaux et finalement aux paysans les semences dont ils ont besoin pour faire leur travail.

Le manioc est un élément essentiel de la nutrition et de l’apport énergétique dans les régions tropicales ; tout progrès qui peut mettre les cultures à l’abri des maladies et donc bienvenu. Les virus sont propagés par des insectes piqueurs; on utilise aujourd’hui des insecticides (à proscrire) ou, le cas échéant des techniques de cultures complexes et qui n’offrent dans les meilleurs des cas qu’une protection partielle et temporaire. Notre bonne connaissance du génome de manioc (Cassava en anglais) a permis de mettre en évidence les gènes de résistance à 2 virus importants. Si l’on devait utiliser les méthodes conventionnelles de la sélection végétale pour introduire ces gènes dans des variétés cultivées de manioc et compte tenu de la biologie particulière de cette plante, il faudrait compter entre 10 et 15 ans. Dans ce cas, l'usage du génie génétique qui permet le transfert rapide du gène de résistance au virus A dans une plante déjà résistante au virus B, se justifie donc pleinement. Transférer un gènes du manioc dans le manioc c'est ce qu'ont réalisé avec succès les chercheurs du Poly de Zürich. Nous avons donc maintenant entre les main un manioc capable de résister sans traitement, sans soins particuliers et simultanément à deux virus redoutables et agressifs. Reste aux sélectionneurs africains à faire leur travail en testant ce nouveau manioc en champs et en créant d'autres variétés résistantes avec les techniques mises au point à Zürich. Pour ceux qui voudraient plus de détail sur ces travaux vous pouvez consulter la page internet des auteurs de l'article.

On ne le répétera jamais assez, les chercheurs suisses sont, non seulement des pionniers et des leaders des biotechnologies végétales, mais se sont aussi des gens qui travaillent en toute indépendance loin des pressions de l’industrie semencière. Ils méritent mieux que les insultes de quelques activistes, ils ont besoin d'un soutien sans faille de ceux qui pense encore que l’agriculture n’a pas pour seule vocation de jardiner le paysage pour le plaisir de quelques citadins bien nourris mais bien de produire de la nourriture.

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