Vaccins végétaux et autres protéines thérapeutiques

La récente épidémie de E. coli (mai 2011) nous incite à compléter cet article sur la production de vaccins par les plantes; en effet cela fait déjà de nombreuses années que des travaux ont montré la possibilité de produire des vaccins contre E. coli chez différentes plantes comme le tabac et la pomme-de-terre [1][3] . Une publication récente résume l'état des recherches et des travaux de développement sur le sujet [2]1.
Les cultivateurs de tabac suisse seront certainement intéressés de savoir que cette plante est destinée à devenir l'une des principale source de vaccins et autres protéines à usage médical (il peuvent s'y préparer pour 2013, date de la fin du moratoire sur les OGM).
La production de protéines dans les feuilles de tabac (Nicotiana tabacum) est très efficace. Une seule ou plusieurs protéines recombinantes vont constituer plus de 40 à 50 % de la masse foliaire. Le tabac n'est pas une plante alimentaire; dans nos pays et sous notre climat, il n'a aucune parente sauvage; les protéines souhaitées sont produites dans le chloroplaste, ce qui garanti que les transgènes ne seront pas présents dans le pollen. Les cultivateurs de tabac sont déjà formés à des méthodes de culture très sophistiquées et ont l'habitude des travaux sous contrat. C'est donc une plante qui présente a priori tous les avantages pour un développement de variétés OGM.
Pourquoi produire des vaccins dans le tabac? Si le vaccin de la grippe peut être produit aujourd'hui encore dans des œufs embryonnés de poulet, ce n'est pas le cas de tous les vaccins à usage humain comme le vaccin contre le virus du papillome humain (HPV). La version pathogène du virus HPV qui infecte 600 millions de personnes est la cause d'un cancer de l’utérus et la production d'un vaccin est vivement souhaitée par l'OMS. Dans le cas du virus grippal que l'on sait produire en laboratoire, le problème est celui du nombre de doses qu'il faut préparer pour le cas d'une pandémie (ce serait le cas si la grippe aviaire mutait en une variante humaine contagieuse). Quelques hectares de tabac pourraient suffire produire plusieurs million de doses.
Tout cela est-il réaliste? Le problème réside dans le coût de développement d'une plante OGM. Tout le monde préfère utiliser des méthodes éprouvées, même si, en fin de compte, la capacité de production est limitée. Aujourd'hui il n'est déjà plus possible de produire des quantités suffisantes de certain vaccins Il faut donc une réelle volonté politique dans le domaine de la santé publique. En fait d'autres protéines thérapeutiques plus rentables commercialement que des vaccins sont déjà en phase finale de développement dans le tabac; c'est le cas de la protéine "CaroRx" de la firme "Planet Biotechnology" qui devrait être testé en France par "Meristem Therapeutics". Cette protéine est un anticorps monoclonal destiné à prévenir le développement de la plaque dentaire.

Bibliography
1. Hugh S. Mason, Tariq A. Haq, John D. Clements and Charles J. Arntzen "Edible vaccine protects mice against Escherichia coli heat-labile enterotoxin (LT): potatoes expressing a synthetic LT-B gene" Vaccine, Vol. 16, No. 13, pp. 1336-1343, 1998
2. Olawole O. Obembea, Jacob O. Popoolaa, Sadhu Leelavathib and Siva V. Reddyb "Advances in plant molecular farming" Biotechnology Advances Volume 29, Issue 2, March-April 2011, Pages 210-222
3. Stephen J. Streatfield, Joseph M. Jilka, Elizabeth E. Hood, Debra D. Turner, Michele R. Bailey, Jocelyne M. Mayor, Susan L. Woodard, Katherine K. Beifuss, Michael E. Horn, Donna E. Delaney, Ian R. Tizard and John A. Howard "Plant-based vaccines: unique advantages" Vaccine Volume 19, Issues 17-19, 21 March 2001, Pages 2742-2748
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