La variété de pomme-de-terre Amflora (produite par la firme allemande BASF) est la première variété PGM autorisée à la culture en Europe. La commission de l’UE avait réafirmé, devant la profonde division du conseil des ministres, sa volonté de maintenir sa recommandation d’approbation. Aujourd'hui (mars 2010) cette autorisation est accordée et tout est prêt pour une première récolte en 2010.
Amflora n’est destinée ni à la consommation humaine ni à la nourriture animale ; il s’agit d’une pomme-de-terre à vocation industrielle qui a donc été sélectionnée pour ne produire que de l’amylopectine et pas d’amidon (amylose). L’amylopectine, un polymère branché du glucose, est utilisé pour la fabrication d’adhésifs, de produits de finition pour les textiles ainsi que de revêtement de surface pour le papier. Il s’agit d’une substance biodégradable. Les pomme-de-terre destinées à la consommation contiennent à la foi de l’amidon et de l’amylopectine, la proportion des deux composants définissant les propriétés nutritives et culinaires du tubercule.
Le fait que cette nouvelle variété contient 100% d'amylopectine en fait une culture intéressante puisqu'elle va permettre d'économiser, à la fois les surfaces agricoles nécessaire à la production d'amylopectine et l'énergie nécessaire au processus de séparation de l'amylose et de l'amylopectine.1
La variété de pomme de terre (Solanum tuberosum) à l’origine de Amflora est le cultivar Prevalent. Une duplication antisense du promoteur du gène gbss (gène de l’enzyme de synthèse de l’amidon : « granule bound starch synthase » - amidon synthase granulaire) a été introduite pour réduire le contenu en amidon (amylose) des tubercules en bloquant la production de l'enzyme. Il s'agit donc d'une duplication ectopique d'un gène déjà présent dans la plante. Il s'agit donc d'un exemple type de plante cisgénique. Bien plus, à par le gène NPTII de résistance à la kanamycine2, cette plante ne produit aucune protéine nouvelle.
Les arguments des opposants à la culture de pomme-de-terre OGM sont d’autant moins compréhensibles que a) les variétés cultivées ne produisent pas de semence et b) il n’existe pas de pomme-de-terre sauvages en Europe.
Les suisses on été témoins d’un tel ostracisme et d’un tel aveuglement en 1999, lorsque Philippe Roch, alors directeur de l’OFEFP (l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage), passant outre l’avis de toutes les commissions consultatives et des autres offices concernés dont celui de l’Agriculture, décida d’interdire les expériences en champs prévues par les Stations Fédérales de Recherche Agronomiques de Changins. Il s’agissait alors de variétés de pomme-de-terre résistantes au mildiou. Cette décision arbitraire d'un seul homme avait conduit à la démission de six membre de la commission de sécurité biologique; elle a encore aujourd'hui des effets négatifs sur la recherche agronomique suisse indépendante et publique; elle a compromis le développement des biotechnologies vertes par les universités et écoles polytechniques dont les objectifs étaient de produire des variétés résistantes aux maladies, laissant place libre dans le futur aux semences destinées aux applications industrielles. Nous subirons encore pendant des années les effets désastreux de cette absence de vision et de ce manque de clairvoyance.
Pomme de terre