Biocarburants : priorité à l'agriculture

L'utilisation de biocarburant doit être réservée à l'agriculture. Qu'on ne s'y trompe pas, l'utilisation de plantes non comestibles affectera durablement les terres cultivables. Quant aux déchets organiques, ils ont eux aussi une vocation agricole comme sources de compost. Toute tentative de soustraire au cycle écologique une valeur matérielle et énergétique se paye. Nous devons considérer l'agriculture (et donc les sols) comme jouissant d'une priorité absolue sur tous les autres besoins sociaux.
A partir des données de la littérature et d'interview de paysans suisses nous avons calculé les surfaces agricoles nécessaires pour couvrir les besoins d'une exploitation. Il faut bien se rendre compte qu'il ne s'agit que du carburant que le paysan utilise. A cela il faudrait ajouter, pour être réaliste, le bilan de la transformation du produit végétal en carburant, sachant que, pour l'éthanol en provenance du maïs (filière heureusement peu probable en Suisse) le bilan est négatif. Plus d'espoir peuvent être mis dans la betterave, mais bien entendu au détriment de la production sucrière. On voit aussi que le biodiesel nécessite plus de surfaces et donc devient moins efficace dans un tel contexte.

En gras, les cultures envisageable en Suisse Rendement en litres par hectare Besoins: 160 litres de diesel par hectare Besoins: 320 litres d'éthanol par hectare (rendement 50%)
- Ethanol - Nb d'hectares cultivables pour un hectare
Betterave 6679 - 21
Canne à sucre 6192 - 19
Manioc 3835 - 12
Sorgho 3498 - 11
Maïs 331 - 10
Blé 2591 - 8
- Biodiesel Nb d'hectares cultivables pour un hectare -
Palmier à huile 4752 30 -
Cocotier 2151 13 -
Colza 954 6 -
Arachide 842 5 -
Tournesol 767 5 -
Soja 524 3 -

Il existe certainement des possibilités d'optimisation des rendements énergétiques des biotransformations. Toutes ces méthodes de production de carburant sont basées sur une dégradation de la cellulose et des molécules apparentées, voire des lipides.
Les recherches sur la dégradation de la lignine donneront certainement des résultats intéressants. La lignine doit être cependant, comme la cellulose, considérée comme un bien précieux; ses produits de dégradation naturels (les acides humiques) contribuent à la formation du complexe argilo-humique constituant fondamental de la bonne structure d'un sol et donc finalement de sa fertilité. Tout prélèvement de lignine aura donc un coût écologique dont il faudra tenir compte. Il n'est pas certain non plus que le bois et les déchets forestiers puisse être source de carburant compétitive, leur utilisation pour la construction ou pour le chauffage est certainement prioritaire (remplacement des huiles de chauffages, mazout).

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