Incohérences allemandes

Y a-t-il des justifications scientifiques à la suspension allemande de l'autorisation de culture du maïs MON810 ?

Après examen des justifications allemandes et analyse exhaustive de la littérature scientifique, Agnès Ricroch (AgroParisTech), Jean Bergé (INRA) et Marcel Kuntz (CNRS) répondent négativement à cette question. Les incohérences de l'administration allemande sont aussi mises en lumière dans un article scientifique en accès libre.

Nous avons examiné les justifications invoquées par le gouvernement fédéral allemand en avril 2009 de suspendre la culture des variétés de maïs génétiquement modifiés contenant le gène Bt de résistance aux insectes notamment des lépidoptères (MON810). Nous avons effectué un examen critique de présumées « nouvelles données » sur un impact environnemental potentiel de ces variétés et des données précédentes sur les lépidoptères, les organismes aquatiques et du sol, invoqués par le gouvernement allemand.
Nous démontrons que cette suspension est fondée sur une liste non exhaustive de références scientifiques, ignore la démarche au cas-par-cas largement admise (les arguments allemands confondent deux maïs différents, MON810 et Bt176), et confond le danger potentiel et le risque avéré de la procédure scientifique d'évaluation des risques.
En outre, nous n'avons trouvé aucune justification pour cette suspension dans notre étude exhaustive de la littérature scientifique concernant les effets possibles sur les animaux non cibles dans les conditions naturelles de terrain. La baisse d'abondance de certains insectes concerne principalement les ennemis spécialisés du ravageur visé, la pyrale (une conséquence attendue de son contrôle par le maïs Bt). Au contraire, les maïs Bt ont généralement un impact plus faible que les traitements avec un insecticide. Notre présente étude démontre que les méta-connaissances disponibles sur les maïs exprimant une toxine insecticide Cry1Ab (MON810 et autres) ont été ignorées par le gouvernement allemand qui a plutôt choisi certaines études individuelles supposées conforter sa thèse.

De plus, nous montrons que l'administration BVL (Bundesamt für Verbraucherschutz und Lebensmittelsicherheit, protection du consommateur et sécurité sanitaire des aliments) du gouvernement fédéral allemand (en charge de la suspension et, à ce titre, de « justifier scientifiquement » cette suspension) est aussi co-auteur d'un rapport appelé BEETLE récemment mis en ligne sur internet qui montre l'étendue des connaissances acquises sur la sécurité environnementale des PGM et qui contredit ses propres prétendues justifications.
Finalement, nous montrons qu'une des études présumées nouvelles (2009, sur les coccinelles) n'est pas si nouvelle que cela, puisque les données avaient déjà été publiées en Allemand en 2004 par les mêmes auteurs.

Agnès Ricroch, Jean Bergé & Marcel Kuntz

Contact presse : M. Kuntz, rf.elbonerg-fju|ztnuk#rf.elbonerg-fju|ztnuk , 04.76.51.44.92 / O6.50.71.74.44
Pour lire l'article en ligne : http://www.springerlink.com/content/r6052757667ng364/fulltext.pdf

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